12.8 C
Paris
dimanche, avril 20, 2025

Culture : 51 millions de subventions pour des festivals boudés par le grand public

Must read

La Cour des comptes critique la politique de subventions du ministère de la Culture, qui produit une offre surabondante, souvent boudée par un public incrédule…

La musiquette et les théâtreux coûtent cher aux contribuables. Dans son rapport consacré à la culture, la Cour des comptes évoque notamment le public de festivaliers se retrouvant chaque année à Avignon.

Et déplore son élitisme.

Ce festival, l’un des plus subventionné de France, reste l’apanage de catégories sociales huppées, fortement diplômées, et majoritairement âgées de plus de 35 ans.

Alors qu’elles sont censées « démocratiser » la culture, les subventions servent surtout à assurer le bonheur d’un entre-soi germanopratin, d’un public gentrifié, déplore la Cour, qui ajoute : « L’État doit conditionner davantage ses aides aux festivals à l’exigence de la démocratisation culturelle et faire prévaloir la bonne gouvernance ».

Selon les magistrats, les millions distribués par le ministère de la Culture (3 milliards de budget annuel) ont provoqué une multiplication des « acteurs culturels », par exemple, dans le « spectacle vivant ».

D’où une offre hypertrophiée, si foisonnante qu’elle ne trouve pas son public.

Subventions pour des festivals gentrifiés : des millions pour si peu

Toujours prêts, les grands festivals sont aux premières loges quand il s’agit de tendre la sébile. On en recense près de 8 000 à travers le pays, 4 fois plus qu’il y a 20 ans.

Selon les données canalisées par la Rue Cambon, 593 sont perfusés par l’État. La contribution au secteur est de 50,5 millions d’euros par an.

Et encore, cette somme est probablement sous-estimée si on y ajoute les dépenses indirectes réalisées en faveur des festivals : artistes en résidence, coproductions, etc.

Si la plupart de ces festivals, privés, équilibrent leurs comptes grâce au public, les subventions de l’État se concentrent sur les manifestations d’envergure internationale comme à Aix-en-Provence et à Avignon.

A eux seuls, ces deux festivals absorbent 25% du financement alloué par la rue de Valois.

Le budget du festival d’Avignon est estimé à 13 millions d’euros et celui du festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence à 22 millions.

Pour le reste, on constate « un saupoudrage des aides selon une politique de guichet et de droits acquis difficile à remettre en cause, ce qui rend de moins en moins lisibles les priorités de la politique culturelle de l’État », déplore la Cour.

Des priorités d’autant moins visibles que l’État et les collectivités locales ne fixent pas d’objectifs (nombre de spectateurs, enjeux locaux, nombre de créations) ou d’impact élargi (touristique, économique, culturel) aux festivals qu’ils soutiennent.

La Cour cite l’exemple du festival d’Avignon dont l’ancien directeur Olivier Py, aujourd’hui directeur du théâtre du Châtelet n’a reçu aucune lettre de mission entre 2013 et 2022 !

Subventions pour des festivals gentrifiés : l’extrême-gauche se met en scène

Une période « déconstruite » durant laquelle les spectacles encourageant la lutte contre « l’extrême droite » et le populisme, encourageant la réflexion sur le genre, le cisgenre, le transgenre, le genre et demi, le genre approximatif, etc. se sont succédés tous les étés, sans le moindre contrôle, comme l’observe l’auteur dramatique Jean-Pierre Pélaez.

Les magistrats encouragent désormais un recours systématique aux lettres de mission, aux conventions pluriannuelles et aux contrats de performance.

Si l’État met la main à la poche, les collectivités locales ne veulent pas être en reste. Elles sont les plus grandes contributrices du secteur culturel.

Les premiers financeurs sont les communes, suivis par les régions. On estime que près de 300 millions d’argent public sont dépensés chaque année pour organiser des événements.

Plus d'articles

Dernières vidéos