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jeudi, avril 17, 2025

Scandale du dérapage budgétaire : comment Macron et Le Maire se sont refilés la patate chaude

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e Président et son ancien ministre des Finances se livrent une bataille médiatique pour savoir qui est responsable du dérapage du déficit. La tentation est forte de faire aussi porter le chapeau aux LR.

L’un est à Paris, encore Président, protégé par la fonction. L’autre est redevenu prof, expatrié à Lausanne. Peut-être est-ce pour lutter contre cette inégalité statutaire que Bruno Le Maire s’est affiché mardi avec 11 parlementaires qui lui sont proches dans un restaurant à deux pas de l’Assemblée Nationale. Sans doute a-t-il voulu montrer qu’il ne se cachait pas, qu’il n’avait rien d’un exilé politique. Entendez : le coupable est à chercher ailleurs, peut-être derrière les murs de l’Élysée…

Comme un boomerang

Depuis quelques jours, l’ancien ministre de l’Économie est la cible de toutes les critiques. Il est accusé d’avoir laissé filer les dépenses, de n’avoir rien fait pour limiter le déficit. Aux questions des journalistes, BLM a commencé par répondre par un message énigmatique : « La vérité apparaîtra plus tard ». A ses amis réunis mardi, il a confié, selon Le Parisien  » qu’il réservait sa vérité aux députés ». La Conférence des présidents de l’Assemblée a en effet ouvert la voie, mardi 15 octobre, à une transformation de la Commission des Finances (chargée du suivi du budget de l’État), en commission d’enquête sur le dérapage des finances publiques. Cette commission, l’ex locataire de Bercy en est convaincu, reviendra  » en boomerang pour tous ceux qui font la leçon « , a-t-il aussi laissé entendre.

Ses proches ont très vite pris le relais pour expliquer que Bruno Le Maire n’avait cessé de mettre en garde l’Élysée. « Il a tiré le signal d’alarme lors de chaque Conseil des ministres », nous assurait lundi l’une de ses anciennes collègues. Dans Le Parisien un autre va plus loin : « On verra que si le Président a dissous, c’est qu’il ne voulait pas porter les économies que Bruno Le Maire défendait ».

« Personne ne voulait que l’on débranche »

Accusé, l’Élysée n’est pas resté silencieux. Par la voix des députés qui lui sont encore fidèles, le chef de l’État a allumé des contre-feux. « C’est un peu facile de dire : j’ai tiré le signal d’alarme et ce sont les autres qui ont décidé. S’il n’était pas d’accord, Le Maire n’avait qu’à démissionner or il est resté et il était très content de rester », nous assurait hier un ex-ministre du pôle de Bercy. A l’écouter les coupables sont les différents lobbies qui ont fait pression depuis la fin du Covid. « On a trop protégé après la crise en Ukraine », reconnaît-il ajoutant : « Les boulangers, les entreprises… Tout le monde nous a demandé de continuer ». Et l’une de ses anciennes collègues du gouvernement de nous confirmer : « personne ne voulait que l’on débranche les aides ». Mais à demi-mot, le premier reconnaît que le Président de la République, craignant une nouvelle crise sociale à l’approche de la présidentielle, à laisser faire.

Les LR co responsables

Mais le Château tient à préserver l’image de bon gestionnaire du Président qui constitue une partie de son ADN. Ses conseillers font donc le tour des journalistes qui suivent l’Élysée pour rappeler : « on a réussi pendant deux ans à maintenir le déficit sous la barre des 3 %. C’est le Covid et la guerre en Ukraine qui ont tout déréglé. Mais on a eu raison de déployer des aides, sans ça on aurait eu un chômage de masse ». Tous oublient, volontairement ou pas, que le gouvernement a aussi déboursé 17 milliards d’euros pour calmer la crise des Gilets Jaunes.

Enfin les uns et les autres ne se privent pas de faire partager le fardeau aux oppositions et particulièrement aux LR qui sont nombreux aujourd’hui à pointer du doigt les erreurs de l’ancienne majorité : « le chèque carburant ? C’était une idée de la droite pour protéger les gens qui travaillent », nous assure l’Élysée. Et un ex-ministre complète : « tout le monde a proposé des amendements à quelques centaines de millions d’euros… On a passé notre temps à négocier avec des LR très dépensiers ». La guerre budgétaire Macron Le Maire pourrait donc bien faire des victimes collatérales.

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