
Gag ! Inaugurée il y a cinq ans, la gare de fret ferroviaire du quartier parisien Chapelle International (XVIIIe) n’a jamais vu un train de marchandises arriver à quai.
Après le bateau, le train fantôme. Pas à la foire du Trône, mais dans une gare de fret située aux portes de la capitale. Celle du nouveau quartier de Chapelle International (XVIIIe).
Inaugurée en grande pompe il y a 5 ans, cette gare flambant neuve (80 millions d’investissement), n’a jamais vu le moindre convoi de marchandises atteindre ses quais de débarquement ultramodernes.
Gare fantôme de Paris : le Grand Œuvre d’Anne Hidalgo
Tout commence en 2016 avec la mise en chantier d’un nouveau quartier baptisé « Chapelle International ».
L’aménagement de cette ZAC coincée entre les voies ferrées de la gare du Nord, du boulevard Ney et la rue de la Chapelle repose sur une clé de voûte ferroviaire : un « hôtel » logistique « multimodal » de 40.000 m2 destiné aux transports de marchandises.
Autour se grefferont 33 000 m2 de bureaux, des équipements publics (6 000 m2), dont une ferme urbaine.
Une fois aménagée, cette ZAC est censée accueillir 1 500 salariés et loger 3 000 personnes.
Lorsque Anne Hidalgo pose la première pierre de la gare, elle a les yeux qui brillent.
Le nouveau quartier deviendra l’une des premières portes d’entrée écologiques de Paris.
Le trafic ferroviaire remplacera 44 000 camions qui encombrent les routes franciliennes par des trains de marchandises.
Ces marchandises en provenance de la plateforme de Dourges (Pas-de-Calais) et du port de Bruyères-sur-Oise (Val-d’Oise) seront acheminées et déchargées à Chapelle International.
Puis, transportées dans Paris intra-muros grâce à une flotte de véhicules propres roulant au biogaz.
Avant d’être répartis sur 90 mini-centres de tri disséminés dans Paris.
Enfin, la livraison finale des marchandises, s’achèvera en vélo électrique…
Écologie toujours, l’architecture de la gare est conçue pour former une sorte de paravent de 400 m de long.
Comme un écran anti-bruit, il protégera les habitants de l’écoquartier contre les nuisances sonores qu’engendre l’activité ferroviaire.
Gare fantôme : 80 millions pour (vraiment) rien
En 2018 le projet, confié à la Sogaris, une société d’économie mixte et à la filiale immobilière de la SNCF, voit finalement le jour.
Une nouvelle fois, il est promu comme la matérialisation d’une fable écologique permettant d’éviter des embouteillages et de réduire la pollution de l’air, etc. Une vraie baguette magique !
Seulement voilà, depuis 2018, la fable a viré en farce : rien ne s’est déroulé comme prévu.
Les camions circulent toujours et cette gigantesque gare de fret est vide. Aucun wagon n’est entré à l’intérieur.
Selon Le Parisien, le projet Chapelle International a totalement déraillé. Lancé trop vite, démesuré, ce qui devait jouer le rôle d’une locomotive s’est transformé en train fantôme.
Principale raison de cet échec : ses promoteurs se sont engagés dans une impasse commerciale à la vitesse d’un TGV, ignorant complétement la désaffection des entreprises pour le ferroviaire, mode de transport jugé plus onéreux que la route et non compétitif !
Des millions de m³ de béton en vain. Pour sauver les meubles, Chapelle International s’est notamment doté d’un data center, d’espaces de formation, et d’un centre d’activité occupé par La Poste.
Autant de réalisations loin du rêve écolo que la mairie de Paris promettait d’objectiver dans cet arrondissement de Paris.