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dimanche, avril 20, 2025

Comment Bercy a étouffé un rapport sur les tarifs autoroutiers

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Selon Le Canard enchaîné, l’Inspection générale des finances a remis à Bercy un rapport recommandant de raboter les péages de 60%. Bruno Le Maire l’aurait enterré.

Le ministre de l’Économie veut augmenter le pouvoir d’achat des Français, mais pas celui des automobilistes.

Alors que les tarifs autoroutiers ont en moyenne augmenté de 4,75 % au 1er février 2023, Le Canard enchaîné a exhumé un rapport qui a de quoi susciter la grogne des conducteurs.

Vous râlez devant les frais d’autoroute qui vont grever le budget des vacances de février ? Il y a un an, l’Inspection générale des finances (IGF), chargée du contrôle et de l’évaluation des politiques publiques, a remis à Bruno Le Maire un rapport choc. Il recommandait de baisser les tarifs autoroutiers sur les deux tiers du réseau français afin de limiter les « surprofits » des sociétés autoroutières.

Ce texte ciblait principalement Vinci et Eiffage, deux concessionnaires contrôlant les 2/3 du réseau autoroutier. Il est resté lettre morte.

Tarifs autoroutiers : le feu vert de l’État

D’après l’IGF, Vinci et Eiffage présentent pourtant une rentabilité proche de 12 %, très au-delà du niveau défini lors de la privatisation du réseau (2006). A l’époque, il s’agissait seulement d’assurer une « rémunération raisonnable » aux sociétés concessionnaires. Depuis, les tarifs augmentent régulièrement, tous les ans, au 1er février, avec le feu vert de l’État.

Ces hausses permettent aux sociétés concessionnaires de réaliser de confortables profits : près de 4 millairds d’euros en 2021, année marquée par un rebond du trafic post-endémique.

Construit avec l’argent des contribuables, la rentabilité des rubans autoroutiers a de quoi faire des envieux quand on se souvient lors de leur privatisation, Vinci, Eiffage et Abertis se sont partagés 9 000 km de réseau pour 15 milliards d’euros !

Si les péages remplissent les poches des sociétés autoroutières et de leurs actionnaires, ils vident celles des automobilistes. Ici plus qu’ailleurs.

En Europe, parmi les 7 pays dont les autoroutes sont payantes, c’est la France qui pratique les tarifs les plus élevés devant l’Italie et l’Autriche. Le ticket est d’environ 10 euros pour 100 km.

Selon le site Auto Moto, on arrive même à 54 centimes le km pour un trajet Courbevoie-Orgeval sur l’A14. Un record !

La donne va-t-elle s’améliorer à l’avenir ? Vox clamantis in deserto !

En 2021, les suggestions de l’IGF se sont perdues dans les sables. Elle proposait la « fin anticipée » des concessions. Ou une baisse « drastique » des péages. Sans négliger un prélèvement important (63 %) de l’excédent brut d’exploitation de Vinci et Eiffage.

En 2013, la Cour des comptes dénonçait déjà des taux de rentabilité plus élevés que ceux négociés avec l’État. Elle relevait aussi que les obligations respectives des concessionnaires et de l’État se caractérisent par un déséquilibre au bénéfice des sociétés autoroutières. Rien n’a bougé.

Pour s’opposer aux hausses de péages, l’État dispose pourtant d’armes de dissuasion massive, comme l’écourtement des durées de concessions.

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